Moi, ma personne, mon nombril et mon ego

« J’ai dit ‘l’ego’. AVEC UNE APOSTROPHE! »

« J’ai dit ‘l’ego’. AVEC UNE APOSTROPHE! »

Votre équipe ira aussi loin que vous lui permettrez. Ça dépend de vous.

Je repense à certains moments de mon ancienne vie d’associé et pendant quelques secondes ma sagesse de pleine conscience et d’auto-compassion prend le champ.

Par exemple, je roule les yeux rien qu’à penser aux fois où je débutais certaines remarques à mon équipe par ceci :

  • « Je m’attendais à… »

  • « Si j’étais à votre place je ferais… »

Eh boy.

Croyez-moi chers leaders, vous devez effacer ces expressions de votre vocabulaire à partir de maintenant. Je sais qu’il s’agit peut-être pour vous d’une honnête tentative de coaching ou de communication non-violente, mais ce que votre collègue entend réellement, c’est ceci:

« Je m’attendais à… » : « Je n’ai pas été limpide dans la communication de mes attentes, ou bien je ne les ai pas communiquées du tout. Tu me déçois parce que tu n’as pas su lire dans mes pensées. »

« Si j’étais à ta place je ferais… » : « Te fais pas confiance, c’est moi qui sait comment faire. Alors si tu fais différemment de ce que je te dis, ça ne sera pas correct. »

Quand même pas pire violent, non?

Votre équipe va là où vous allez

Vous êtes à la tête d’une équipe ou d’une organisation. Bravo! Vous ne l’avez pas volé car vous avez travaillé comme personne pour acquérir une expertise enviable dans votre domaine et avez eu le guts d’assumer d’importantes responsabilités. Pour cela, les membres de votre équipe vous vouent admiration et respect et c’est pour cela qu’ils ont choisi de venir travailler pour vous.

Par conséquent, votre équipe ira aussi loin que vous lui permettrez. Ça dépend de vous, de votre attitude, votre ouverture, vos valeurs, et de votre capacité à communiquer le tout. Ah, et ça dépend aussi de la gestion de votre ego.

Par « ego », je veux dire la projection de soi-même face à l’autre, ou ce qui forge notre personnalité en fonction du monde extérieur. Et comme celui-ci perçoit souvent le leader comme une sorte de prophète au QI dans les 200 qui dort 3 heures par jour et court un Iron Man par mois, votre ego peut se gonfler au point où il devient confortable de s’y réfugier lorsque des problématiques surviennent.

Je m’explique :

Constat :
Votre gang travaille tout croche et/ou produit des résultats insatisfaisants.

Votre ego dit :
« Je travaille avec des gens incompétents. »

Questions à se poser :
Les attentes ont-elles été transmises clairement? Les processus sont-ils clairs et bien compris?

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Constat :
Votre gang se contente d’exécuter sans prendre d’initiative pour pousser plus loin.

Votre ego dit :
« Je dirige une gang de paresseux qui se contentent de faire leur shift ».

Questions à se poser :
La vision de l’organisation est-elle comprise et assimilée par tous? L’environnement de travail est-il psychologiquement sécuritaire pour encourager les initiatives?

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Constat :
Votre gang alimente les commérages et ça crée un climat de travail toxique.

Votre ego dit :
« Il y a 3 ou 4 pommes pourries dans l’équipe qui aiment foutre la merde ».

Questions à se poser :
Les valeurs de l’organisation et celles des membres de l’équipe sont-elles alignées? Suis-je assez transparent dans mes communications?

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Constat :
Votre gang est constamment déstabilisée par un roulement de personnel constant.

Votre ego dit :
« Le plein-emploi tue le marché. Va falloir augmenter les salaires ».

Questions à se poser :
Est-ce vraiment une question d’argent? Pourquoi ces gens ont-ils quittés alors qu’ils étaient si motivés lors de l’embauche?

Bien sûr, vous n’avez pas tous les torts! Il y a des problématiques qui ne peuvent se régler malgré vos efforts et votre bonne volonté. L’objectif n’est pas de vous taper sur la tête mais bien d’éviter de tout balayer sous le tapis et d’empirer les choses.

Gérer son ego

Votre ego représente le fossé qui sépare l’image de l’identité. Pour ma part j’ai tenté de réduire au maximum ce fossé en intégrant plus d’humilité, d’intégrité et de transparence dans mon leadership.

Devant une problématique, j’ai appris à poser des questions. À moi-même mais aussi aux personnes concernées. Et j’ai SURTOUT écouté les réponses avant d’avancer des solutions… toujours avec ces mêmes personnes.

Après tout :

« Il y a une raison pour laquelle nous avons hérité de deux oreilles et d’une seule bouche »
— Zénon, philosophe stoïcien grec

(Faisait longtemps que je voulais la ploguer celle-là!)

Et dites-vous :

  • Reconnaître ses faiblesses ne fait pas de soi un loser.

  • Répondre « je ne sais pas » ne fait pas de soi un incompétent.

  • Accueillir des idées différentes des siennes ne fait pas de soi un leader raté.

Si j’étais à votre place je ferais ça. :P


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