Comment quitter un emploi qu’on aime et garder (presque) toute sa tête

- « wwwwwaaaahhhheeeuuuuhh!!!!! » - « Euh… tu es sûr que tu veux quitter, Éric? »

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Presque un deuil?
Non, carrément ça.

J’ai quitté mon emploi chez Sigmund en décembre l’an dernier. J’y étais associé depuis 4 ans, j’étais en charge des opérations. Le processus de départ, du « peut-être que… » à « au revoir tout le monde » a duré deux semaines. Les détails de ma décision importent peu, mais disons qu’une opportunité de vendre mes parts s’est soudainement présentée, ce qui a accéléré à vitesse grand V une réflexion sur moi-même entamée tout bonnement pendant l’été. Faque j’ai quitté.

Mais la claque que j’ai reçue par la suite ne faisait pas partie de mes plans.

Bienvenue les émotions

Quand tu quittes en maudit suite à un conflit, deux semaines est un long délai. Mais quand tu quittes une job et des gens que tu aimes dans la paix et d’un commun accord, deux semaines équivalent à 5 minutes.

Au début, englouti dans un tsunami d’émotions, tu réalises à peine ce qui t’arrive. La tristesse, la peur, l’euphorie, l’incertitude, le soulagement, le regret, l’anxiété prennent le dessus à tour de rôle. Tu essaies de combattre et ça rend l’expérience encore plus difficile. Ce feeling a duré plusieurs semaines. Plusieurs semaines!!

Puis j’ai finalement compris ce qui se produisait : depuis plusieurs années mon identité, ma personnalité, mon épanouissement n’étaient définis qu’à travers mon emploi. Le travail, le bien-être de l’équipe m’habitaient 24/7. Pendant ce temps, je négligeais mes activités extra-curriculaires. Pas de hobby, peu d’amitiés entretenues. Combien de fois ai-je dit à ma conjointe, « j’ai pas le goût de rencontrer des gens samedi. J’ai déjà assez de m’occuper des employés et des clients la semaine! ».

La psychologie moderne indique que la perte d’un emploi compte parmi les événements les plus difficiles à vivre, tel le deuil et la séparation. Notre modèle sociétal explique en partie ce phénomène. Se défoncer à sa job est perçu positivement et on finit par y croire, consciemment ou non.

Trois solutions pour s’en sortir

Heureusement, le temps qui passe nous permet de remettre graduellement les pendules à l’heure et d’envisager le futur avec optimisme. Dans mon cas, trois éléments ont été déterminants au cours des six derniers mois.

  1. S’auto-compatir. Arrêter d’être son pire ennemi. Arrêter les j’aurais dû... les qu’est-ce que les autres vont penser.... Reconnaître et accepter que ce soit difficile, se dire qu’on vit cela différemment des autres, et qu’on a le talent et la résilience nécessaires pour s’en sortir. L’excellent livre de Kristin Neff sur l’auto-compassion est très révélateur sur le sujet.

  2. (Re)trouver un sens à sa décision de quitter. Rationaliser sa décision. Se rappeler les raisons qui ont motivé le départ, les assumer, et s’en servir comme pierre d’assise pour passer à la prochaine étape. Scientifiquement, il y a un terme pour ça : sensemaking.

  3. Prendre son temps. Ne pas céder à la tentation du low hangin’ fruit, aux pressions sociales, à l’incertitude financière (autant que possible). Prendre un temps d’arrêt pour valider ce qu’on aime faire, ce qu’on n’aime pas faire, dans quoi on est bon, et moins. Et explorer.

Cette recette n’est pas universelle. Les moyens de surmonter ce genre de situation varient selon les personnes et leur contexte.

Pour l’attitude toutefois, un pré-requis : être curieux et honnête envers soi-même. :)


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